jeudi, août 31, 2017

Marché aux fleurs

Bouquet final pour ce compte-rendu d'un voyage dans la "Venise du Nord"


Un enchantement !










Le fleuriste 1 a un jardin dans un faubourg, il y court au lever du soleil et il en revient à son coucher ; vous le voyez planté et qui a pris racine au milieu de ses tulipes et devant la Solitaire ; il ouvre de grands yeux, il frotte ses mains, il se baisse, il la voit de plus près, il ne l’a jamais vue aussi belle, il a le coeur épanoui de joie ; il la quitte pour l’Orientale, de là il va à la Veuve, il passe au Drap d’or, de celle-ci à l’Agathe, d’où il revient ensuite à la Solitaire, où il se fixe, où il se lasse, où il s’assit, où il oublie de dîner ; aussi est-elle nuancée, bordée, huilée, à pièces emportées2 ; elle a un beau vase ou un beau calice ; il la contemple, il l’admire ; Dieu et la nature sont en tout cela ce qu’il n’admire point, il ne va pas plus loin que l’oignon de sa tulipe, qu’il ne livrerait pas pour mille écus, et qu’il donnera pour rien quand les tulipes seront négligées et que les oeillets auront prévalu. Cet homme raisonnable, qui a une âme, qui a un culte et une religion, revient chez soi fatigué, affamé, mais fort content de sa journée : il a vu des tulipes. 
La Bruyère, Les Caractères, De la mode

1 = l’amateur de fleurs. 2 = à pétales découpés. 

dimanche, août 27, 2017

Pluie et pleurs






Pour clore la visite d'Amsterdam, voici trois endroits emblématiques, parcourus sous une petite 
pluie fine:



A la sortie du béguinage, la place du Spui, quartier littéraire où fleurissent les librairies, haut-lieu du mouvement contestataire Provo dans les années 60.



     Le Palais royal (Paleis Op de Dam), construit par Jacob van Campen dans un style classique et austère fit office d'Hôtel de ville au siècle d'or.


     Transformé en résidence royale par Louis Bonaparte, il appartient toujours à la couronne, mais la reine ne l'honore de sa présence que rarement,  pour des réceptions officielles.
    La place où il est édifié est de belles proportions.



     En la quittant, nous pouvons repérer le musée de Madame Tussauds (l'équivalent de notre musée Grévin) dont le guide du Routard ne recommande pas vraiment la visite:"Si la partie historique présente un intérêt limité, il n'en va pas de même pour les scènes de la vie quotidienne, souvent grotesques".
     (Notez sur le panonceau, la double croix dont il a été question dans un billet précédent.)



     D'autre part, le même guide souligne que les mannequins de cire des personnages célèbres, Rembrandt notamment, "évoluent dans des décors tapageurs".
Bref, dispensons-nous de cette visite d'autant plus que d'autres sites d'importance  restent à voir.

     Mais le lieu le plus chargé d'humanité, la maison d'Anne Frank (Anne Frank Huis) devenue musée-mémorial  impose un système de pré-réservation équivalant pratiquement à des visites sur rendez-vous.
 La file d'attente se déployant  sur trois rues et demie, est impressionnante.



     Nous ne pourrons donc pas nous recueillir dans la maison et dans l'annexe où la famille Frank vécut -de 1941 à 1944- dans la clandestinité, et où la jeune Anne Frank rédigea son journal.





jeudi, août 24, 2017

Trois croix

         Voici un emblème  que l'on rencontre fréquemment à Amsterdam, non seulement sur des monuments ou des façades, mais sur divers éléments urbains: 
X
X                                                                                          
X

Les trois croix d'Amsterdam font penser au  supplice de saint André. 
Chaque croix est censée protéger Amsterdam de trois grands fléaux : les inondations, les incendies et la  peste.



Mais depuis 1945, elles représentent des valeurs morales : l'héroïsme, la résolution et la miséricorde, liées à l'attitude de la population pendant la seconde guerre mondiale.



Cependant, la réalité historique de ce blason est différente.





     Des blasons portant ces triples croix apparaissent dès le XII ème siècle, dans la région amstellodamoise, un écu de ce type est celui d'une famille de la ville.
     Un siècle plus tard, ce motif apparaît sur le sceau de certains échevins.
     Cependant, il est probable que ces croix ne faisaient pas référence au supplice de saint André, mais qu'elles avaient été choisies en raison de la simplicité de leur symbolique et de leur clarté visuelle.
     Le sceau le plus ancien de la ville (1347) comporte un bateau (symbole du commerce), le lion des comtes de Hollande (qui avaient autorité sur la région de l'Amstel depuis 1317), mais sans aucune croix.
     C'est vers 1419 que le sceau de la ville s'orne d'une triple croix, en plus de la cogue médiévale, bateau qui jusqu'à la fin du XVIII ème siècle figurera sur le sceau de la ville.






     Que ce soit sur les canaux ou à pied, la promenade permet d'apprécier le charme des étroites maisons à pignons, aux styles variés : pignon à rampans droits, en cloche, à cou...  


















     Charme, qui, au quotidien doit parfois passer au second plan, vu les difficultés de la circulation, la hauteur et l'étroitesse des habitations.









mardi, août 15, 2017

Derrière les murs

   Le musée historique d'Amsterdam, installé dans un ancien orphelinat,  n'était pas l'objet de notre quête et de notre déambulation.




  Non, c'était le béguinage (béginjnof), plutôt difficile à trouver dans une petite cour intérieure, dont le porche voûté conduit discrètement  à ce "lieu qui touche au sublime et qui ne laisse personne indifférent" (dixit le petit fûté 2017) 

  Fondé en 1346, ce béguinage fut plusieurs fois détruit par le feu et reconstruit au cours du XVème siècle


 Qu'est-ce qu'un béguinage ?
C'est un lieu d'hébergement pour des femmes pieuses qui y vivent dans des petites communautés auto-gérées, laïques et semi-monastiques.

Deux églises se côtoient là: l'une, consacrée au culte anglican depuis le XVII ème siècle, l'autre, catholique, dissimulée au N°29 depuis 1665. Cette coexistence, marque de tolérance, fait du béginjnof  un symbole très fort d'Amsterdam.




 Il convient de  respecter le calme du lieu:
 parler à voix basse,  ne pas y circuler à vélo, et ne pas faire de photos des habitations privées...
interdiction plus ou moins respectée.




Lien ici 

jeudi, août 10, 2017

De nuit, de jour

    La  vaste salle du Rijksmuseum où trône la Ronde de nuit (1642) a tout du forum, de la place publique où les uns déambulent, les autres s'arrêtent, s'assoient, contemplent,  discutent ou  lisent les notices explicatives mises à la disposition du public.



Une joyeuse animation qui désacralise le musée!


De nuit 
 
Le titre original de cette toile monumentale (3,63 m.sur 4,37) était la compagnie du capitaine Frans Banning Cocq et du lieutenant Willem van Ryutenbach.

  Le commanditaire en était d'ailleurs ce capitaine, désireux d'immortaliser sa compagnie, qui avait eu l'honneur de servir de garde d'honneur à Marie de Médicis lors de sa visite en 1638.
Samuel van Hoogstraten, un  des élèves de Rembrandt déclara:" Cette oeuvre, quelles qu'en soient les critiques, survivra à toutes celles qui prétendent l'égaler, car elle est conçue d'une manière si picturale, elle est animée de tant de fougue et si puissamment exécutée que tous les autres tableaux présents font figure à côté de cartes à jouer".

      Les archives indiquent qu'aucun des personnages représentés ne se reconnut et que les critiques furent nombreuses  (apparent désordre de la composition, accentué par le chien qui batifole, proportions inexactes, taille trop petite du lieutenant, présence incongrue d'une fillette qui ressemble étrangement à Saskia, la première épouse du peintre, qui devait mourir cette année-là).
     Ce tableau a consacré l'aura du peintre, mais a également entamé son déclin auprès des commanditaires, si l'on en croit la plupart des  critiques d'art.
    Quant au clair-obscur tant admiré par Eugène Fromentin,  il résulte sur ce tableau, non pas d'un effet voulu, mais d'un noircissement au fil du temps- la scène étant sensée se dérouler de jour!





De jour.




Rembrandtplein, place  bordée d'arbres, est  entourée de cafés et de restaurants qui contribuent à son animation.
 Son centre est occupé par la statue en fonte du sculpteur Louis Royer  réalisée en 1852, posée sur un socle de granit gris portant une réplique de la signature du sculpteur.

L'harmonie est parfaite avec le dallage de marbre gris.



La conception actuelle de la place a pu se faire grâce à une rénovation de 3, 5 millions d'euros, achevée en janvier 2013.

     En 2006, pour célébrer le 400 ème anniversaire de Rembrandt, une représentation en bronze de La ronde de Nuit, créée  par deux artistes russes, Mikhail Dronov et Alexander Taratynov a été disposée autour de l'oeuvre de Royer jusqu'en 2009 avant de voyager à New York, Moscou et à Oranienbaum ,en Russie . 




     Retour du groupe sculpté  2012 sur la place rénovée.

 En janvier 2013, des fonds ont été collectés pour le conserver sur la place toute l'année, pour le plus grand plaisir des néerlandais et des touristes.












dimanche, août 06, 2017

Face-à face

Femme en bleu lisant une lettre, (1662-1665) de Johannes Vermeer

En néerlandais Brieflezende vrouw in het blauw

H/T de 46,5 cm par 39 cm  au Rijksmuseum d'Amsterdam 


Cette toile imprégnée de sérénité suscite une véritable fascination, comme si le petit format favorisait l'introspection.



Vincent Van Gogh notait, dans une lettre datée du 29 juillet 1888 adressée d’Arles à Emile Bernard:

« Ainsi, connais-tu un peintre nommé Vermeer qui, par exemple, a peint une dame hollandaise très belle, enceinte. La palette de cet étrange peintre est : bleu, jaune citron, gris perle, noir, blanc. Certes, il y a dans ses rares tableaux, à la rigueur, toutes les richesses d'une palette complète ; mais l'arrangement jaune citron, bleu pâle, gris perle, lui est aussi caractéristique que le noir, blanc, gris, rose l'est à Vélasquez. »

                                                         





                  Débarrassée de son utilisation publicitaire, la laitière retrouve son aura.



                                                        Désir de s'approprier cette icône .  


Lien ici vers un entretien avec le conservateur  du Louvre, Blaise Ducos , pour l'exposition Vermeer.

Tendres mirages (2)

                                                                Jeanne Cardinal :                          interprétation picturale du recue...