vendredi, octobre 31, 2014

CHArme

CHArme, (du latin carmen, inis: 
formule , incantation magique



  • Moyen matériel ou psychique d'une action magique naturelle ou non ; influence occulte et magique, sortilège : Jeter un charme sur quelqu'un.


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Loup-garou?


Loup y es- tu?

M'entends-tu ?

Coucou, Loulou!

mercredi, octobre 29, 2014

Feuilleter un livre de souvenirs

Ceux de Valérie Feuillet:
Quelques années de ma vie



Comparons  les deux présentations de l'espace Feuillet:
actuellement 
et 
avant (ici)




Une élégante console en bois doré contient les bibelots de la collection Feuillet:
miniatures, bijoux, bonbonnières diverses , sans oublier  celle qu'avait créée l'orfèvre Mellerio:

or ciselé , ornée d'émail , fond d'or guilloché; miniature sur ivoire cerclée de diamants,avec le  portrait de l'Impératrice par P.P. de Pommayrac (1807-1880)
Ecrin de cuir blanc, intérieur de velours et de satin blanc, aux armes impériales.

 l'Impératrice Eugénie l'avait offerte à Octave Feuillet en souvenir du rôle qu'elle avait joué à Compiègne, le 13 mai 1859 dans la pièce écrite pour elle,
Les Portraits de la Marquise:


"Sa Majesté fit faire son portrait en miniature, dans le costume de son rôle, le plaça sur une bonbonnière enrichie de diamants avec la date de la représentation gravée à l'intérieur et l'offrit à mon mari"  
P. 199 Quelques années de ma vie, Mme Octave Feuillet, ouvrage couronné par l'Académie Française, Chapitre XVII, Septième édition, Paris, Calman-Lévy éditeurs.


-Après la capitulation de Sedan,  Octave Feuillet décida d'envoyer son épouse et ses enfants en Angleterre.
 Le 8 septembre au soir, celle-ci dut "faire ses tristes préparatifs  pour le lendemain"
Ayant fait  étape chez une amie  (miss Emly ), avant l'embarquement  à Granville  pour  Jersey, elle lui demande de mettre en sûreté sa correspondance privée et celle de son mari, familier de la Cour, "redoutant les investigations de la police granvillaise qui traquait fort les émigrés"

Elle ajoute:
"Quant à la tabatière (sic ) que l'Impératrice avait donnée à mon mari et sur laquelle était son portrait , je l'avais enveloppée de ouate et cousue dans ma crinoline, voulant l'emporter avec moi."

Souvenirs et Correspondances, Chapitre V, P . 105, Troisième édition, Paris, Calman-Lévy éditeurs
( 1896)



L'Impératrice fit à Octave Feuillet l'honneur d' assister à sa réception à l'Académie Française le 26 mars 1863.
Son épée, restaurée par l'atelier Bell est  bien mise en valeur!


L'élégant projet d'éventail signé Suzanne de Milhau s'orne  de rubans bleus sur lesquels figurent les titres d'oeuvres du dramaturge.
Au centre du noeud qui les assemble est suspendue une petite clé: on retrouve ce motif sur un bracelet en or dans la vitrine, il avait été offert à Valérie au lendemain de la représentation de la clé d'or
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Lecture de la dernière partie  de ce "drame lyrique"  ici

A défaut, vous pouvez lire ce résumé:
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Il s'agit d'une variation sur un thème daté, certes, souvent traité par  Octave Feuillet:
la famille et la responsabilité de l'époux dans son maintien et sa dignité.
.....
1ère partie: Suzanne confie à sa nourrice sa joie d'être devenue, ce jour-même , l'épouse de Raoul d'Athol,  mais cette dernière reste réservée, jugeant  l'époux bien froid. 
Justement, le voici,en grande conversation avec son ami Georges de Vernon.
Quel mal y aurait-il à les  écouter parler "mariage et sentiments"?

Hélas, ce dialogue révèle deux personnalités opposées:
autant Georges envie Raoul d'avoir épousé la charmante Suzanne, autant Raoul ne ressent qu'indifférence pour cette petite provinciale insignifiante. Pour lui, le mariage est pure convention:"Tout viveur ne doit-il pas finir ainsi?"
Raoul est ennuyé par un don , puéril à ses yeux, fait par sa jeune épouse: une clé d'or dont elle lui expliquera le sens .
Une fois en tête à tête avec son mari,  Suzanne le met à l'épreuve: est-il l'amoureux digne d'ouvrir avec la clé d'or le bracelet quelle porte ?
Après des tergiversations et un exposé cynique sur le mariage, Raoul doit se plier à la décision de Suzanne : elle  n'admettra dans son intimité qu'un époux sincèrement  amoureux .

Deuxième partie: une série de lettres de Raoul à son ami, écrites dans la propriété normande de Suzanne  marque une évolution de l'ancien libertin: tomberait-il sous le charme de son épouse, résolue et pleine de finesse?Mais elle-ci ne serait-elle pas tentée par une aventure galante?
Aucune réponse épistolaire de  Georges . Raoul est à la fois  blessé dans son honneur et jaloux .

Troisième partie : coup de théâtre :Suzanne, timidement,  lui remet la clé d'or!
Elle l'aime et sait son amour partagé  , instruite par le ton des lettres que l'ami fidèle lui avait transmises au fur et à mesure .

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(A suivre)

lundi, octobre 27, 2014

L'azur en cage













Bastion Saint-Jaume à Antibes

Autres photos  sur le blog de mana
et sur ce blog
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 Merci, Fifi!
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Hymne à la Mer 

J'ai désiré un hymne à la Mer avec des rythmes amples comme les vagues qui crient ;
A la Mer quand le soleil tel un étendard écarlate dans ses eaux flamboie;
A la Mer quand elle embrasse les seins dorés des plages vierges qui assoiffées attendent ;
A la Mer quand ses hordes hurlent ,quand les vents lancent leurs blasphèmes ,
Quand brillent dans ses eaux d'acier la lune brunie et sanglante;
A la Mer quand sur elle verse sa tristesse sans fond
la coupe d'étoiles .

Aujourd'hui je suis descendu de la montagne à la vallée
et de la vallée jusqu'à la Mer.
Le chemin fut long comme un baiser.
Les amandiers lançaient des fuseaux bleutés d'ombre sur la
route et, à la fin de la vallée,  le soleil
cria des Golcondes vermeils sur ta glauque forêt : Abîme !
Frère, Père,  Bien-aimé ...!
J'entre dans le jardin énorme de tes eaux et je nage loin de la
terre.
Les vagues viennent ,avec leurs fragiles cimiers d'écume
En fugue vers la catastrophe . Vers la côte,
avec leurs crêtes rouges ,
avec leurs maisons géométriques,
avec leurs palmiers nains ,
qui sont devenus absurdes et livides comme des souvenirs
figés!
Je suis avec toi , Mer ! Et mon corps tendu comme un arc
lutte contre tes muscles impétueux.Toi seule existes .
Mon âme rejette tout son passé
Comme un ciel arctique qui s'effeuille en flocons
errants !
Oh instant de plénitude magnifique ;
Avant de te connaître,  Mer fraternelle ,
j'ai longuement vagué dans d'errantes rues bleues aux
oriflammes de lanternes
Et dans la mi-nuit sacrée j'ai tissé des guirlandes
De baisers sur des chairs et des lèvres qui s'offraient,
Solennelles de silence ,
Dans une floraison
Sanglante...
Mais aujourd'hui je fais don aux vents
de toutes ces choses révolues,
révolues...Toi seule existes .
Athlétique et nue. Seul ce souffle frais et ces vagues ,
et les coupes d' azur, et le miracle des coupes d'azur.
( J'ai rêvé d'un hymne à la Mer avec des rythmes amples
comme les vagues haletantes. )
Je désire encor te créer un poème
Avec la cadence adamique de ta houle ,
Avec ton souffle salin originel,
Avec le tonnerre des ancres sonores des Thulés ivres
de lumière et de lèpre,
Avec des cris de marins, des lumières et des échos
De crevasses abyssales
Où tes vives mains monacales constamment caressent les
morts...
Un hymne
Constellé d 'images rouges luminescentes.
O Mer ! ô mythe ! ô soleil ! ô lit profond!
Et je ne sais pourquoi je t'aime. Je sais que nous sommes très vieux ,
Que nous nous connaissons depuis des siècles tous les deux.
Je sais que dans tes eaux vénérables et riantes s'est embrasée
l'aurore de la vie.
(Dans la cendre d'un soir de fièvre j'ai dans ton sein vibré
pour la première fois .)
O Mer protéenne,  je suis sorti de toi.
Tous les deux enchaînés et nomades;
Tous les deux avec une soif intense d 'étoiles ;
Tous les deux avec espoir et désillusions ;
Tous les deux air, lumière,  force,  ténèbres ;
Tous les deux avec notre vaste désir et tous les deux avec
notre grande misère .



      JORGE LUIS BORGES

samedi, octobre 25, 2014

Promenades de Picasso

Au moment où le musée Picasso s'apprête à  réouvrir ses portes, voici quelques promenades en compagnie du peintre et céramiste :



A Vallauris,







A Antibes 



Sur une assiette bien ronde en porcelaine réelle

une pomme pose

face à face avec elle

un peintre de la réalité

essaie vainement de peindre

la pomme telle qu’elle est

mais
elle ne se laisse pas faire
la pomme
elle a son mot à dire
et plusieurs tours dans son sac de pomme
la pomme
et la voilà qui tourne
dans son assiette réelle
sournoisement sur elle-même
doucement sans bouger
et comme un duc de Guise qui se déguise en bec de gaz parce qu’on veut malgré lui lui tirer le portrait la pomme se déguise en beau fruit déguisé
et c’est alors
que le peintre de la réalité
commence à réaliser
que toutes les apparences de la pomme sont contre lui
et
comme le malheureux indigent
comme le pauvre nécessiteux qui se trouve soudain à la merci de n’importe quelle association bienfaisante et charitable et redoutable de bienfaisance de charité et de redoutabilité
le malheureux peintre de la réalité
se trouve soudain alors être la triste proie
d’une innombrable foule d’associations d’idées
Et la pomme en tournant évoque le pommier
le Paradis terrestre et Ève et puis Adam
l’arrosoir l’espalier Parmentier l’escalier
le Canada les Hespérides la Normandie la Reinette et l’Api
le serpent du Jeu de Paume le serment du Jus de Pomme
et le péché originel
et les origines de l’art
et la Suisse avec Guillaume Tell
et même Isaac Newton
plusieurs fois primé à l’Exposition de la Gravitation Universelle
et le peintre étourdi perd de vue son modèle et s’endort
C’est alors que Picasso
qui passait par là comme il passe partout
chaque jour comme chez lui
voit la pomme et l’assiette et le peintre endormi
Quelle idée de peindre une pomme
dit Picasso
et Picasso mange la pomme
et la pomme lui dit Merci
et Picasso casse l’assiette
et s’en va en souriant
et le peintre arraché à ses songes
comme une dent
se retrouve tout seul devant sa toile inachevée
avec au beau milieu de sa vaisselle brisée
les terrifiants pépins de la réalité.


Jacques Prévert, Paroles

dimanche, octobre 19, 2014

Un musée rénové (1)


Le musée des Beaux-Arts de Saint-Lô, inauguré en 1989 avait besoin d'un réaménagement qui tienne compte de sa vocation première: présenter  l'histoire de la ville et de ses habitants.
Ce projet, initié par la municipalité sortante a mobilisé la conjugaison de  divers savoirs-faire (Scientifiques: ceux du conservateur et de son assistante) techniques et artisanaux.

C 'est une réussite !


D'emblée, six  portraits géants sur kakémonos accueillent le visiteur:
Viridovix, 
Jacques II de Matignon, (liens ici , là et encore + libellés relatifs à l'histoire des Matignon)


Jean Dubois, 
Octave Feuillet, 
Mireille François, 
Samuel Beckett.
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Différents espaces nous plongent  dans le passé, de la Préhistoire à la Reconstruction où l'on croise, pour cette dernière période:
- le dramaturge Samuel Beckett, intendant bénévole  à l'Hôpital irlandais de la Croix-Rouge,


- et le chanteur  Lény Escudéro qui avait participé aux chantiers de la Reconstruction .
(Lien ici)
Sa célèbre  chanson des années 60"Pour une amourette "revient en boucle parmi les documents audiovisuels diffusés dans le téléviseur" vintage "qui trône sur le buffet d'époque.


L'autocuiseur de l'époque, c'était du solide!
(Ateliers de Boulogne/Seine)


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Les "douches sonores" -c'est le terme technique- font s'exprimer plusieurs  figures marquantes:

-Face au marbre de Thorigny
(découvert à Vieux au XVI ème siècle, déchiffré aux XVIIIème-XIX ème ,il a connu des mésaventures rocambolesques)
(Liens ici et là )


1
voici le chef gaulois Viridovix,"reconstitué" par une graphiste spécialiste en archéologie.



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2
- Le magistrat Jean Dubois,(1556-1639), éminente personnalité de la Contre-Réforme qui a voué  sa fortune
à la
restauration de la ville après les guerres de Religion, ainsi qu'à la mise en place de structures éducatives.

                                           


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3
 - l'académicien Octave Feuillet,photographié dans le bureau de son appartement parisien,
rue Gounod (Photo Dornac,1890, Archives du musée)





(Dans ce nouvel espace, la vue de Saint-Lô que l'on distingue à gauche sur la photo
 est exposée
et
sur le coffre Renaissance transformé en bureau se trouve un fac -similé du très beau livre calligraphié dont il a été question  dans cet article personnel, Fleurs et poésies )


Ci-dessus, le numéro  1762  (3 janvier 1891) du Monde Illustré, consacré à Octave Feuillet (mort à Paris le 28 décembre) avec  en première page la photo de M.M. Dornac  et Cie
donne un bon aperçu de cette  pièce  .
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4

- le poète  Jean Follain ,né à Canisy (1903-1971), qui avait épousé la fille de Maurice Denis , Madeleine Dinès, peintre , elle aussi,auteur des trois portraits ci-dessous.



5

- Mireille François, témoin de l'occupation.

(A l'arrière-plan, des vestiges  de l'ancienne prison, détruite dans la nuit du 6 au 7 juin 1944, alors que plus de 150  personnes, dont de nombreux résistants y avaient été enfermés par les Allemands.)






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Merci au conservateur, Monsieur Hubert Godefroy, pour sa visite  guidée , très approfondie, réservée aux amis des musées .
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(A suivre)

mercredi, octobre 15, 2014

Tchin Tchin !

Trinquons avec Cergie!



(Sisteron, septembre 2014)

Étymol. et Hist. I. 1902 « salut! honneur à toi » (mar. ds Esn. 1966). II. 1935 « à ta santé » (pop. et boulevardier, ibid.). Du pidgin english de Canton tsing-tsing « salut ».

Source ici /CNRTL

lundi, octobre 13, 2014

Manège coloré


En marge 


La cavalcade des chevaux multicolores



Vidéo ici (décoration de 4 chevaux par les étudiants de l'école Brassart de Caen )




Article de Ouest France


Pendant ce temps, dans la campagne...

Un cheval en quête de compagnie
(lien ici)

Anes du Cotentin

Et 
Tricotentin
 pour ce cheval

samedi, octobre 11, 2014

Zoom sur le zoo (3 )


Lutin
Energumène
Minuscule
Ultime
Race 
Illuminée
Emerveillement 
Nébuleux
Surprenant


Lémurien, ton oeil tout rond
Etonné, hagard, me confond.
Menu, debout, veilleur somnambule,
Unique, multiple en groupuscule,
Race quasi disparue,
Immobile et frêle statue
En toi je ne vois 
Nulle peur du néant



claude a écrit:
Je ne suis pas rien

Je suis Lémur
Lémur, le lémurien.
Mi singe, mi nounours
Mi koala, mi raccoon
Je suis leste
Je suis agile
Je suis cool
Je joue les chauve souris
accroché par ma queue
La tête en bas.
Je vis en 
Mais on peut me voir aussi
Dans les zoo en forme
Car je suis aussi 
un Lémuriforme.


Merci!
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jeudi, octobre 09, 2014

Zoom sur le zoo (2)

Une patte repliée




Sous leurs plumes qui se figent,
Les hauts flamants rassemblés
S’efforcent de ressembler
A des roses sur leur tige.
Vit-on jamais dans le vent

Rosier plus vibrant de roses
Que ce bouquet de flamants roses,
Ce bouquet que le lac pose
Au pied du soleil levant ?
Et, quand le bouquet s’effeuille,

Qui peut encore distinguer,
De ce nuage rosé
Que la brise cueille,
Le flamant rose envolé ?

Maurice Carême
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Tyger! Tyger! burning bright 
In the forests of the night, 
What immortal hand or eye 
Could frame thy fearful symmetry? 
In what distant deeps or skies 
Burnt the fire of thine eyes? 
On what wings dare he aspire? 
What the hand dare sieze the fire? 

And what shoulder, & what art. 
Could twist the sinews of thy heart? 
And when thy heart began to beat, 
What dread hand? & what dread feet? 

What the hammer? what the chain? 
In what furnace was thy brain? 
What the anvil? what dread grasp 
Dare its deadly terrors clasp? 

When the stars threw down their spears, 
And watered heaven with their tears, 
Did he smile his work to see? 
Did he who made the Lamb make thee? 

Tyger! Tyger! burning bright 
In the forests of the night, 
What immortal hand or eye 
Dare frame thy fearful symmetry? 


1794
William Blake
From Songs of Experience




Tigre, Tigre, brûlant brillant,

Dans les forêts de la nuit, 

Quelle main, quel oeil si puissant

A forgé ton effroyable symétrie ?


Dans quels cieux ou abîmes insondés 
A brûlé le feu de tes yeux ? 
Quelles ailes peuvent l'emmener ? 
Quelle main a osé en saisir le feu ? 

Mais quel bras, et quel art 
Purent façonner les muscles de ton coeur ?
Écoute comme il bat ! 
Que des mains, que des pieds de terreur ?

Quelle chaîne, quel marteau ?
 De quelle fournaise sortit ton cerveau 
Et l'enclume ? Quelle poigne cruelle
 Osa étreindre ses terreurs mortelles ? 

Quand les étoiles eurent abandonné leurs armes
,Et trempé le ciel de leurs larmes,
 A-t-il souri son forfait accompli ?
 Celui qui créa l'agneau
 t'a-t-il fait aussi ? 

Tigre, Tigre, brûlant brillant,
Dans les forêts de la nuit,
 Quelle main, quel oeil si puissant
A forgé ton effroyable symétrie ?


William Blake

mardi, octobre 07, 2014

Zoom sur le zoo (1)



Le Perroquet



Un gros perroquet gris, échappé de sa cage, 

Vint s'établir dans un bocage : 

Et là, prenant le ton de nos faux connaisseurs, 

Jugeant tout, blâmant tout, d'un air de suffisance, 

Au chant du rossignol il trouvait des longueurs, 

Critiquait surtout sa cadence. 

Le linot, selon lui, ne savait pas chanter ; 

La fauvette aurait fait quelque chose peut-être, 

Si de bonne heure il eût été son maître 

Et qu'elle eût voulu profiter. 

Enfin aucun oiseau n'avait l'art de lui plaire ; 

Et dès qu'ils commençaient leurs joyeuses chansons, 

Par des coups de sifflet répondant à leurs sons, 

Le perroquet les faisait taire. 

Lassés de tant d'affronts, tous les oiseaux du bois 

Viennent lui dire un jour : mais parlez donc, beau sire, 

Vous qui sifflez toujours, faites qu'on vous admire ; 

Sans doute vous avez une brillante voix, 

Daignez chanter pour nous instruire. 

Le perroquet, dans l'embarras, 

Se gratte un peu la tête, et finit par leur dire : 

Messieurs, je siffle bien, mais je ne chante pas.


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Sonnet pour un Lion

Au sommet d’une colline, au fin fond de l’Afrique
Il règne sur la plaine au pied d’un beau volcan
Le Kilimandjaro, montagne de son rang
Bleue, belle et sacrée, audacieuse et magique

Cet animal Roi, Salomon de la Jungle
Cet animal sans Temple que l’oeil n’a jamais vu
Le Lion est le Sage que le Ciel a déchu
Comme l’Ange blond d’une peinture d’Ingres

Ah béni soit le Lion, animal de légende
Un Ulysse d’Odyssée qui l’arc bande
Pour regagner sa cour, défendre son royaume

O Lion sacré d’Afrique, Le poète c’est toi !
Crinière mélancolique, souffle sacré du Roi !
Cultive ta légende éternelle et sauvage


Winston Perez, 2009





La méridienne du lion

Le lion dort, seul sous sa voûte. 
Il dort de ce puissant sommeil 
De la sieste, auquel s'ajoute, 
Comme un poids sombre, le soleil.

Les déserts, qui de loin écoutent, 
Respirent ; le maître est rentré. 
Car les solitudes redoutent 
Ce promeneur démesuré.

Son souffle soulève son ventre ; 
Son oeil de brume est submergé, 
Il dort sur le pavé de l'antre, 
Formidablement allongé.

La paix est sur son grand visage, 
Et l'oubli même, car il dort. 
Il a l'altier sourcil du sage 
Et l'ongle tranquille du fort.

Midi sèche l'eau des citernes ; 
Rien du sommeil ne le distrait ; 
Sa gueule ressemble aux cavernes, 
Et sa crinière à la forêt.

Il entrevoit des monts difformes, 
Des Ossas et des Pélions, 
A travers les songes énormes 
Que peuvent faire les lions.

Tout se tait sur la roche plate 
Où ses pas tout à l'heure erraient. 
S'il remuait sa grosse patte, 
Que de mouches s'envoleraient !


Victor Hugo, Chansons des rues et des bois

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Tendres mirages (2)

                                                                Jeanne Cardinal :                          interprétation picturale du recue...