Au jardin des Félibres, dans le domaine de Sceaux, les statues de félibres célèbres encadrent un petit bassin rectangulaire joliment ombragé.
La tombe de l'homme de lettres et fabuliste Florian, mort à Sceaux en 1794, se trouve dans ce square.
Depuis 1879 , elle est l'objet d'un pèlerinage annuel du félibrige parisien qui, à l'instar du félibrige provençal fondé en 1854 par Fédéric Mistral, oeuvre pour le maintien de la langue d'Oc.
Le fabuliste Jean-Pierre Claris de
Florian (1755 -1794) fut , en son temps
aussi réputé que La Fontaine.
Ecoutons l'avis du critique Dussault: (1769-1824)« Tous ceux qui ont fait des fables depuis La Fontaine ont l’air d’avoir bâti de petites huttes sur le modèle et au pied d’un édifice qui s’élève jusqu’aux cieux : la hutte de M. de Florian est construite avec plus d’élégance et de solidité que les autres, et les domine de quelques degrés."
Ces
fables sont tombées dans l'oubli, pourtant leurs morales , au un tour proverbial bien frappé, sont connues de tous ,
ainsi:
Un pauvre petit grillon
caché dans l' herbe fleurie
regardoit un papillon
voltigeant dans la prairie.
L' insecte ailé brilloit des plus vives couleurs ;
l' azur, le pourpre et l' or éclatoient sur ses ailes ;
jeune, beau, petit-maître, il court de fleurs en fleurs ;
prenant et quittant les plus belles.
Ah ! Disoit le grillon, que son sort et le mien
sont différents ! Dame nature
pour lui fit tout et pour moi rien.
Je n' ai point de talent, encor moins de figure ;
nul ne prend garde à moi, l' on m' ignore ici bas :
autant vaudroit n' exister pas.
Comme il parloit, dans la prairie
arrive une troupe d' enfants ;
aussitôt les voilà courants
après ce papillon dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l' attraper.
L' insecte vainement cherche à leur échapper,
il devient bientôt leur conquête.
L' un le saisit par l' aile, un autre par le corps ;
un troisieme survient et le prend par la tête.
Il ne falloit pas tant d' efforts
pour déchirer la pauvre bête.
Oh ! Oh ! Dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux vivons caché.
Autre souvenir littéraire consigné sur la façade de l'office de tourisme: celui du
Bal de Sceaux,
court roman d'Honoré de Balzac (lecture
ici, résumé et analyse
là )
.....
Le cadre de cette nouvelle est un
bal populaire , fréquenté sous la Révolution,l'Empire et la Restauration, où se mêlaient toutes les couches de la population.
"Au milieu d’un jardin d’où se découvrent de délicieux aspects, se trouve une
immense rotonde ouverte de toutes parts dont le dôme aussi léger que vaste est soutenu par
d’élégants piliers. Ce dais champêtre protège une salle de danse. Il est rare que les propriétaires les
plus collets montés du voisinage n’émigrent pas une fois ou deux pendant la saison vers ce palais
de la Terpsichore villageoise, soit en cavalcades brillantes, soit dans ces élégantes et légères brillantes, voitures qui saupoudrent de poussière les piétons philosophes. L’espoir de rencontrer là quelques voitures qui saupoudrent de poussière les piétons philosophes. L’espoir de rencontrer là quelques 56 femmes du beau monde et d’être vus par elles, l’espoir moins souvent trompé d’y voir de jeunes paysannes aussi rusées que des juges, fait accourir le dimanche, au bal de Sceaux, de
nombreux essaims de clercs d’avoués, de disciples d’Esculape dont le teint blanc et la fraîcheur sont entretenus par l'air humide des arrière-boutiques parisiennes. Aussi bon nombre de mariages bourgeois se sont-ils ébauchés aux sons de l’orchestre qui occupe le centre de cette salle circulaire. "
"Jamais la difficile Émilie n’avait vu les yeux d’un homme ombragés par des cils si longs et si recourbés. La mélancolie et la passion respiraient dans cette figure caractérisée par un teint olivâtre et mâle.
Sa bouche semblait toujours prête à sourire et à relever les coins de deux lèvres éloquentes ; mais
cette disposition, loin de tenir à la gaieté, révélait plutôt une sorte de grâce triste. Il y avait trop d’avenir dans cette tête, trop de distinction dans la personne, pour qu’on pût dire : – Voilà un bel homme ou un joli homme ! on désirait le connaître. En voyant l’inconnu, l’observateur le
plus perspicace n’aurait pu s’empêcher de le prendre pour un homme de talent attiré par quelque intérêt puissant à cette fête de village. Cette masse d’observations ne coûta guère à Émilie qu’un moment d’attention, pendant lequel cet homme privilégié, soumis à une analyse sévère, devint l’objet d’une secrète admiration. Elle ne se dit pas : – Il faut qu’il soit pair de France ! mais – Oh ! s’il est noble, et il doit l’être... "
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Lieu symbolique et ironique puisque l'héroïne de ce court récit , Emilie de Fontaine, sacrifiera son amour à des préjugés de classe.
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De nos jours, la trace du bal subsiste sous forme d'une esplanade circulaire ombragée, légèrement surélevée, délimitée par des bancs de pierre, visibles sur les deux photos.
Cette histoire d'amours malheureuses nous ramène à
Florian ,
auteur d'une romance, notée dans l'une de ses nouvelles, que chacun a pu entendre ou fredonner:
"Plaisir d'amour", chantée
ici par Nana Mouskouri
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie.
Elle me quitte et prend un autre amant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t'aimerai, me répétait Sylvie,
L'eau coule encore, elle a changé pourtant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
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