mardi, février 26, 2013

Octave Feuillet (3) : Fleurs et poésies

"J'allais avoir dx-neuf ans. Ma mère voulait absolument me marier. Elle me présentait un soupirant par semaine, mais quand, après chaque entrevue, :"Eh bien, le veux-tu ?je répondais:-Non, pas celui-là !"
Lucide et malicieuse, Valérie Dubois démonte la course aux prétendants,   parcours obligé dans le meilleur monde et s'étonne lorsqu'un jour,  son père avance le nom de son cousin, Octave Feuillet: 
"Comment mon cousin peut-il m'aimer ?Il me connaît à peine , vivant loin de moi. J'ai peut-être dansé trois fois avec lui."
Cependant,  "Dieu l'inspira dans la nuit et lui fit trouver son cousin charmant" ...
ou du moins, si ce n'était Dieu , le souvenir de sa distinction, sa belle tournure, son aura de poète. 
Et bien qu'elle  sentît  "son infériorité," se trouvant "provinciale et peu instruite",   la perspective d'une vie brillante, et élégante à Paris, autant de "châteaux en Espagne", souligne-t-elle ironiquement au chapitre XI de Quelques années de ma Vie




Valérie ayant "dit oui avec bonheur "à la demande de son père , ce qui faillit  faire "mourir de joie ses parents", la  visite du fiancé est organisée le soir-même.
Beaucoup d'auto dérision dans le récit de l'entrevue  où la jeune fille est si intimidée qu'elle "courut vers une des fenêtres et se roula comme une momie dans les rideaux".
Digne d'un personnage de comédie, Madame Dubois rassure le cousin  "à juste titre un peu surpris de la réception:
-C'est de la pudeur (...) Elle vous aime, j'en suis sûre "


Nullement découragé par l'étrange accueil de sa fiancée, le jeune homme lui" dit de jolies choses toute la soirée", et, le lendemain, lui offrit des" vers charmants destinés à sa mère," mais que Valérie  lui avait inspirés.



En voici un court extrait dans le recueil "Fleurs et poèmes", qui se trouve dans le fonds ancien de la médiathèque de Saint-Lô.
...
"Ma fille, que je t'aime et que je t'aime encore
Sous mon oeil maternel, sous mon oeil triomphant, 
Reste toujours ainsi, car ainsi je t'adore , 
Mon ange,  mon enfant!"


Il s'agit d'un volume recouvert  d'un tissu mauve, avec des  ornements en métal, et en son centre, les initiales V et O entrelacées.




 Outre  ces "vers charmants", le volume, intitulé "Fleurs et poèmes " rassemble des   textes poétiques  écrits par Octave Feuillet  et autres  amateurs de poésie (ou poètes amateurs) sur différents thèmes.


Jaquette, illustrations ,  lettres ornées ,  calligraphie , tout est  magnifique,  très révélateur du goût de l'époque, dans le milieu où évoluait Octave Feuillet.

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samedi, février 23, 2013

Octave Feuillet (2): Portraits croisés

Fançois Bonvin,(1817-1887), Portrait d'Octave feuillet avec une scène de chasse, Huile sur toile.
 (Musée des Beaux-Arts de Saint-Lô)






Peu visible sur cette photo, la scène de chasse à l'arrière-plan n'évoque nullement les loisirs et les goûts personnels de l'écrivain, mais le rituel de la cour - A Compiègne ou à Fontainebleau - auquel tout courtisan  devait se conformer.
D'après de nombreuses lettres à son épouse, on  devine Octave Feuillet plus intéressé par ses conversations avec l'Impératrice, les excursions , les pique-niques en forêt ou la découvertes de ruines  antiques (à Champlieu ) que par les exploits cynégétiques: "Les chasseurs, l'Empereur au milieu, s'avançaient en même temps que cette ligne de rabatteurs et tiraient continuellement sur le malheureux gibier.Nous marchions, nous autres, au centre de la ligne en groupes confus, foulant aux pieds les pauvres victimes  de cette boucherie  dont un grand nombre n'étaient que blessées; nous avons fait de la sorte une bonne lieue à travers quinze cents cadavres".
D'ailleurs, son insistance  sur le mauvais temps et l'incommodité occasionnée en dit long:"Il pleuvait à torrents.l'Impératrice n'en descendit pas moins de voiture et nous la suivîmes en piétinant dans l'herbe mouillée, jusqu'auprès de l'Empereur"(...)
L'Empereur fit faire une nouvelle battue pour les dames dans l'enceinte de la faisanderie.Madame de Metternich manqua tous les faisans et faillit ne pas nous manquer.Nous avons couru d'assez grands dangers.Pourtant elle finit par tuer un pauvre petit lapin , qui roula trois ou quatre fois sur lui-même, d'une façon plaisante et triste.  Quelques années de ma vie (Chapitre XXII) Calmann-Lévy 1894

Voilà un portrait à caractère officiel qui cadre bien mal avec le vrai caractère de son modèle!
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Jules-Louis Machard (1859-1900), portrait de Valérie Feuillet (1831-1906), huile sur toile. (Musée des Beaux-Arts de Saint-Lô)



Fille d'Ernest Dubois,   ( maire de Saint-Lô entre 1848 et 1868)  Valérie Dubois , âgée de 19 ans, épousa son cousin Octave Feuillet, qui en avait trente,  le 25 mars 1851.
Cette union se fit malgré  la désapprobation de sa grand-mère  Madame de Quigny  - en réalité sa grand-tante, qui avait élevé sa mère, Elvire Le Conte de Sainte-Suzanne.
Apprenant le projet de mariage , Madame de Quigny avait déclaré:"Il faut avoir la rage de marier sa fille pour la donner à ce fils mangeur de rois!" Elle qui avait sauvé son père de la guillotine en 1793 ne pouvait pardonner au futur beau-père de la jeune fille ses opinions libérales.

Ses souvenirs personnels mêlés à une fine observation des moeurs sont relatés dans deux volumes -quasiment introuvables- dont le premier a été couronné par l'Académie Française: Quelques années de Ma Vie.( Calmann-Lévy 1894)

Il commence par des  épisodes de la Terreur, avec la généalogie et l'histoire de ses ancêtres maternels pour se terminer avec l'évocation de la guerre de 1870 et de la Commune.Y sont présentés sa vie familiale , la carrière littéraire et l'ascension mondaine de son époux. Elle reproduit  des lettres de son époux qui nous renseignent sur la vie à la cour de  Napoléon III . Ses opinions plutôt conservatrices vont de pair avec une certaine liberté  d'esprit, et un sens aigu du  ridicule, même lorsqu'elle en est la cible! Le ton de la correspondance entre les époux est plein de tendresse: "mon enfant chérie", chère petite", ma chérie, chère petite amie" sont les formules récurrentes utilisées par Octave Feuillet, dont l'extrême sensibilité, la propension à la neurasthénie trouvaient un soutien en la personne de son épouse. Cette  autobiographie sincère, bien tournée  est extrêmement plaisante à lire: sa vivacité et ses joies de jeune fille, ses tourments maternels , ses doutes religieux, sa malice nous rendent l'auteur extrêmement sympathique .

Le deuxième volume, Souvenirs et Correspondances   va de  1868 à 1879 , au gré des  déambulations et voyages du couple  en France, en Angleterre, en Suisse, selon les aléas politiques.
La vie des Feuillet se ressent fortement de l'instabilité des temps, et bien que  leurs sympathies monarchiques présentent des risques ,  ils s'y tiendront .

Tout d'abord, Valérie  revient deux ans en arrière ,  avant la guerre de 1870, elle décrit  sa vie en Normandie - à Saint- Lô dans la demeure des Palliers pendant que son mari était "appelé à Paris, tantôt par ses devoirs académiques, tantôt par les répétitions de ses pièces". Les  détails savoureux abondent sur la vie artistique de l'époque! Puis il est question du climat politique: Octave Feuillet avait  réfléchi à  des réformes : faire de l'Empire une royauté constitutionnelle, décentraliser la France à grande échelle," instituer dans tout le pays un vaste système de libertés locales", "oeuvre essentiellement libérale et démocratique"destinée à asseoir l'autorité de l'Empereur".
La guerre déclarée, Valérie s'exile à Jersey avec ses enfants tandis qu'Octave reste en Normandie et participe à la défense du pays. Après la guerre, c'est le retour en France mais  en 1872 , horrifié par la Commune, Octave prie Valérie de chercher en Suisse un pensionnat qui convienne à l'éducation de leurs deux fils."J'avoue , écrit-elle, qu'il me parut désolant  d'envoyer ces enfants si loin  de nous  et de confier à des étrangers le soin de former leur âme,mais j'obéis pourtant."
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Edouard Brandon, (1831-1897), Jacques et Richard Feuillet, 1867, huile /toile. (Musée des Beaux-Arts de Saint-Lô)


Quête vaine,  tant les pensionnats visités semblent peu fiables  . Finalement, leur père décide de confier ses fils aux dominicains d'Arcueil.
Lisons la scène de la  séparation:
"Il y eut, malgré la sécurité que j'emportais, un grand déchirement. Les petits s'accrochaient à ma robe, sanglotant dans mes bras,appelant leur père,Saint-Lô, leurs chers Palliers, tremblant à la pensée d'entendre les lourdes portes du couvent se fermer sur leur mère, qui allait regagner la pays sans eux"

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Felix Philipoteaux(1815-1881), Portrait d'André Feuillet (1852-1860), mine de plomb et fusain , sur papier. (Musée des Beaux-Arts de Saint-Lô)



Gustave Craukbuste en marbre de carrare d'André Feuillet, fils aîné D'Octave et de Valérie Feuillet, mort à l'âge de sept ans.
                                                    (Musée des Beaux-Arts de Saint-Lô)
(A suivre )
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Grâce à Tilia

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mercredi, février 20, 2013

Octave Feuillet (1) : Collection au musée

    Né le 11 août 1821 à Saint- Lô, Octave Feuillet, issu d'une vieille famille bas-normande ,é tait destiné à la carrière  diplomatique, mais il abandonna  ses études de Droit pour satisfaire sa vocation littéraire.
Ses nouvelles, ses contes pour enfants et sa collaboration à un feuilleton collectif n'eurent pas l'heur de plaire à son père, Jacques Feuillet, Secrétaire Général de la Manche de 1830 à 1848: celui-ci  rappela  près de lui à Saint-Lô  son rejeton qui venait de connaître un premier succès au Théâtre de l'Odéon en 1845.

Ce n'est qu'à la mort de Jacques Feuillet qu'Octave retourna à Paris veiller à ses intérêts d'auteur à succès, élu à l'Académie Française en 1862, au fauteuil  de Scribe  ( Lien ici )
Auparavant, son frère avait joué pour lui  à Paris le rôle d'agent littéraire.

Ecrivain oublié, fort apprécié en son temps et jusqu'à la seconde guerre mondiale, surnommé "Le Musset des familles", il dépeint les milieux raffinés qu'il fréquente  et place ses personnages dans des situations dramatiques.
Le Roman d'un jeune homme pauvre , Monsieur de Camors  et Julia de Trécoeur  comptèrent parmi  ses plus grands succès; plusieurs de ses oeuvres furent jouées ou adaptées dans les salons mondains et  même à la cour, à Compiègne  et à Fontainebleau où il assura les fonctions de bibliothécaire.


  
  De son mariage le 25 mars 1851  avec sa cousine  Valérie Dubois (fille d'Ernest Dubois, maire de Saint-Lô de 1849 à 1866) naquirent trois enfants:
André, mort très jeune, Jacques et Richard - Octave qui légua à la ville de Saint-Lô la collection  familiale.

"Léguée à la ville par Valérie Feuillet, sous réserve d'usufruit à son fils, le Commandant Richard-Octave Feuillet, la collection quitta Bayonne en 1950, à la demande de madame Richard-Octave Feuillet à laquelle l'usufruit avait été étendu "indique la brochure du Musée des Beaux-Arts de Saint-Lô, mise à la disposition des visiteurs.



Cette même brochure nous apprend qu'Octave Feuillet fut un "collectionneur aux goûts très éclectiques"et que les quelque 333  pièces de sa collection  sont de qualité inégale.

La possession du tableau de Gustave Moreau, La mort de Sapho, (voir lien ici )
manifeste une indépendance d'esprit certaine pour l'époque, de même que celle du peintre bas-Normand, Charles Pécrus,  teintée d'Impressionnisme.

Ces deux oeuvres sont exposées dans d'autres salles et la première a fait l'objet 
d'une conférence  -déclamation par Philippe Brunet, invité par les amis des musées municipaux de Saint-Lô . 
lien ici
et




    L'espace consacré à la donation contient 
 des tableaux,
 des sculptures de Gustave Crauk (1827-1905): ci-dessus, buste posthume, en marbre,  d'Octave Feuillet - et buste de Valérie Feuillet (dans la vitrine),
des souvenirs littéraires , politiques et personnels, 
des photographies,
 des miniatures,
 tabatières , bijoux, et une bonbonnière (improprement désignée comme   "tabatière") offerte par l'Impératrice Eugénie qui avait joué un rôle dans la pièce d'Octave Feuillet Les Portraits de la Marquise, à Compiègne. (13 novembre 1859)
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Valérie Dubois -Feuillet, elle même écrivain , douée d'un style alerte et d'un regard vif évoque  ce bibelot à deux reprises dans les deux volumes de son autobiographie.

Cf Articles  à suivre:

Portraits croisés
Fleurs et poésies
La maison du malheur
  livres et bibelots

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http://www.inlibroveritas.net/auteur9296.html


dimanche, février 17, 2013

Promesse ...


Au jardin, quelques couleurs:
Promesse d'un temps meilleur?



"Crocus au jardin, ciel bleu et soleil, le printemps est juste au coin du chemin".




mercredi, février 13, 2013

Nocturne




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et, de la part de Claude:

Pleine lune
    ou lumière
    Lumière nocturne
    Lumière
    ou pleine lune.
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samedi, février 09, 2013

Fantaisie en chat mineur



Cachou, réglisse-menthe, fenêtre sur cour.


Boule de neige


Fantomatique chat blanc sur fond blanc


Zombie noir et blanc

Expansion: chat-loupe



CHAvirant  souvenir.
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jeudi, février 07, 2013

Voyage en boîte



....une  photo de boîte aux lettres envoyée par Odile
et retrouvée dans mes archives !
Invitation au voyage.

mardi, février 05, 2013

Fleur de thé

Convivialité et poésie, chez une amie:

l'amarante entre en scène !



Le fleur de thé offre un spectacle unique , quasi magique : dans la boule de thé se trouve une fleur exotique l'Amarante. 




Celle-ci  elle va lentement s'épanouir  dans l'eau chaude et révéler le bouton caché  dans son coeur !



« Comme dans ce petit jeu japonais où l’on trempe de ténus bouts de papiers qui, aussitôt plongés dans le bol, s’étirent, se contournent, deviennent des fleurs, des personnages, toutes les fleurs de son jardin, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l’église, et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardin, de sa tasse de thé ».

Proust, Du côté de chez Swann

Lien personnel ici vers le Grand Hôtel de  Cabourg, salon Marcel Proust
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Et pour voir s'épanouir l'amarante:

http://www.youtube.com/watch?v=d9nPiim8Vlc

Chat l'heureux


Un indice...pour le jeu  du billet précédent.

dimanche, février 03, 2013

Divers souvenirs d'Hiver



En panne d'images récentes, pour raison technique, et prise de court par la neige qui a tourné court, voici quelques photos anciennes, mais inédites,ne serait-ce que dans leur présentation,   des épisodes neigeux de 2009 et 2010.












vendredi, février 01, 2013

Faites des voeux, voeux en fête





Souvenirs, souvenirs....
Je vous retrouve en  mon coeur
Et vous faites refleurir
Tous mes rêves de bonheur...

/ You tube

Une bien belle carte postale numérotée, tirage limité à 1000 exemplaires.

Merci, Didile. Mille Bises
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Liens personnels ici

Tendres mirages (2)

                                                                Jeanne Cardinal :                          interprétation picturale du recue...