dimanche, octobre 31, 2010

Tourner en rond

Tourner en rond
Est un vrai pléonasme,
Pléonasme vicieux
Qui traduit bien pourtant
L'effet de piétinement
L'effet de ressassement
Qui plaît tant aux enfants:

Retour d'un même son
D'un mot répétition
Sans rime ni raison
Tout comme un canasson
Qui tournerait en rond

Assez tu m'escagasses
Crie l'adulte trop vieux
Pour s'enchanter du son
Pour happer le pompon
Du manège enchanté
Qui tourne tout en rond

Miss Yves

vendredi, octobre 29, 2010

Tournez, tournez, bons chevaux de bois

Tournez, tournez, bons chevaux de bois,/
Tournez cent tours, tournez mille tours,/
Tournez souvent et tournez toujours, :
Tournez, tournez au son des hautbois. /

L'enfant tout rouge et la mère blanche, /
Le gars en noir et la fille en rose,:
L'une à la chose et l'autre à la pose, /
Chacun se paie un sou de dimanche.
/

Tournez, tournez, chevaux de leur coeur,
/
Tandis qu'autour de tous vos tournois
/
Clignote l'oeil du filou sournois,/
Tournez au son du piston vainqueur ! /

C'est étonnant comme ça vous soûle/
D'aller ainsi dans ce cirque bête :/
Bien dans le ventre et mal dans la tête/
Du mal en masse et du bien en foule. /

Tournez au son de l'accordéon,/
Du violon, du trombone fous,/
Chevaux plus doux que des moutons, doux/
Comme un peuple en révolution./

Le vent, fouettant la tente, les verres,/
Les zincs et le drapeau tricolore, :
Et les jupons, et que sais-je encore ? /
Fait un fracas de cinq cents tonnerres. /

Tournez, dadas, sans qu'il soit besoin/
D'user jamais de nuls éperons /
Pour commander à vos galops ronds :
/
Tournez, tournez, sans espoir de foin.
/

Et dépêchez, chevaux de leur âme :
/
Déjà voici que sonne à la soupe /
La nuit qui tombe et chasse la troupe/
De gais buveurs que leur soif affame./

Tournez, tournez ! Le ciel en velours /
D'astres en or se vêt lentement.
/
L'église tinte un glas tristement. /
Tournez au son joyeux des tambours !

Paul Verlaine (1844-1896)

mercredi, octobre 27, 2010

L'automne en couleurs

Or mauve et grenat
Jetant leurs tout derniers feux
Les couleurs d'automne

miss yves
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L'automne
On voit tout le temps, en automne,
Quelque chose qui vous étonne,
C’est une branche, tout à coup,
Qui s’effeuille dans votre cou.
C’est un petit arbre tout rouge,
Un, d’une autre couleur encor,
Et puis, partout, ces feuilles d’or
Qui tombent sans que rien ne bouge.
Nous aimons bien cette saison,
Mais la nuit si tôt va descendre !
Retournons vite à la maison
Rôtir nos marrons dans la cendre.
Lucie DELARUE-MARDRUS (1874-1945)

dimanche, octobre 24, 2010

vendredi, octobre 22, 2010

Saint-Gabriel de Brécy

Ce lieu est un établissement horticole privé
Robert Doisneau y a réalisé , en 1950 un reportage publié dans Paris -Match


Le prieuré de Saint-Gabriel de Brécy fut fondé en 1058 par l'abbaye de Fécamp.

les vestiges de l'église prieurale datent de sa reconstruction en 1140.
Seul subsiste le choeur, la nef et le transept ayant été rasés en 1749



Pour les journées du patrimoine 2010 sur le thème " hommes et femmes célèbres "une exposition était consacrée à la Reine Mathilde - organisée par l'association du Prieuré st Gabriel .

mercredi, octobre 20, 2010

Rêve de pierre

"Des atours de princesse italienne jetés sur les épaules d'une petite paysanne"
écrivait Jacques de Lacretelle à propos du jardin de Brécy dont il fut propriétaire et qui le sauva de l'oubli en 1958 .

Ce jardin, longtemps attribué à Mansard, date de la seconde moitié du XVIIème siècle, il s'étage sur quatre terrasses, chacune abritant un jardin particulier (jardin d'herbes, jardin bleu, potager, parterre de broderies ...)

Ces terrasses s'élèvent au-dessus du parterre à l'arrière de la demeure et débouchent étrangement sur une grille qui sépare le jardin d' un vaste terrain en pente, comme aspiré par l'infini.
Au cours de la promenade , les vastes perspectives, les majestueuses symétries alternent avec des coins et recoins intimistes.

Avec son escalier aux lions bicéphales, ses terrasses aux bassins, son portail ionique monumental, il a tout d' "un rêve de pierre"digne du poème de Baudelaire intitulé "La Beauté".


A la limite de la plaine de Caen et du Bessin, dans un vallon isolé , il a intrigué Jean de La Varende, ébloui par "son inexplicable magnificence"

Il n' aurait pas déparé comme décor pour le film de Jean Cocteau, la Belle et la Bête.


Cergie a publié de belles photos assorties d'intéressants commentaires sur ce jardin.
Voir lien /sur le commentaire qu'elle a rédigé

lundi, octobre 18, 2010

Cerbère ?



Le portail franchi
Faudra-t-il apprivoiser
L'étrange Cerbère ?

Miss Yves

(Cliquez pour agrandir)
Voici , ci-dessous une libre interprétation* de ce haïkai due au talent et la courtoisie de
Vicky lane
que je remercie chaleureusement
* et un commentaire de sa main
Beyond the barred gates
A strange Cerberus awaits -
Quick! Bring honeycakes!

Vicky Lane
*A VERY free interpretation.
Honeycakes soaking with poppy (opium) were one way the people of mythology managed to pass by Cerberus.

mercredi, octobre 13, 2010

Villages

Deux petits villages de caractère, celui-ci, très touristique, célèbre pour son piment, au pays basque.
(Cliquez pour agrandir et lire)

Le deuxième, plus retiré, beaucoup moins connu, en Normandie, a été joliment dessiné à la plume d'oie par Franck Gosselin (Merci, Thérèse!)

Promenades dans Valognes



Après une visite de l'exposition, "les illustrateurs de Barbey d'Aurevilly" à la médiathèque de Valognes où nous avons feuilleté, admiré-voire critiqué -les ouvrages anciens exposés- certaines illustrations nous ont semblé bien timides - notre groupe s'est rassemblé devant l'hôtel particulier de l'oncle paternel de Barbey, Jean-Louis Pontas du Méril, dont l'écrivain Michel Lécureur a tracé le parcours politique.







La présidente de la société Barbey d'Aurevilly, Madame Isabelle Barré, a rappelé l'importance de ce médecin, curieux de tératologie et libre penseur dans la formation intellectuelle de l'adolescent.
Ce personnage a servi de modèle au docteur Torty, observateur froid du comte de Savigny et de Hauteclaire Stassin , les amants diaboliques du Bonheur dans le crime.

(Cette nouvelle a donné lieu en 1961 à une adaptation télévisée de Jean Prat, avec Michel Piccoli dans le rôle du comte et Mireille d'Arc dans celui du rôle-titre, Hautecleclaire)

/ voir vidéo /archives INA .fr, ici

...et, en 2009 à un téléfilm de Denis Malleval, dans la série Au siècle de Maupassant , Didier Bourdon incarnant le Docteur Torty, Marie Kremer Hauteclaire.
Un extrait se trouve
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Cette balade littéraire achevée, bien des endroits évoquent encore la vie et l'oeuvre de Barbey:

Ce splendide bâtiment, l'hôtel de Beaumont a servi de cadre ( romancé) à la nouvelle Le dessous de cartes d'une Partie de Whist, dans son vaste salon , un brillant causeur y conte "une de ses terribles histoires qui font frémir"..
(Oeuvre du domaine public: lecture complète /site In Libro Veritas
+ analyse littéraire ici)



Imaginons Barbey se promenant dans la partie antique de la ville, Alleaume .

Derrière ses hauts murs, l'aristocratique Valognes, "Versailles normand" a sans doute caché bien des secrets , analysés , disséqués par l'écrivain -à la manière d'un clinicien .

Ce dernier, cependant, cédait parfois au charme de demeures moins fastueuses, moins secrètes, "ces jolies petites maisons à volets blancs et à rideaux blancs , des nids à bonheur , si les bonheurs ont des nids"
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lundi, octobre 11, 2010

Barbey à Valognes: de Grandval -Caligny au Grand Hôtel du Louvre

De l'appartement de Barbey à l'hôtel du Louvre, il n'y a(vait) qu'un pas: l'écrivain se faisait porter ses repas de la cuisine du restaurant à son logis, et les plats lui parvenaient chauds.
Il lui arrivait de déjeuner ou de dîner à l'hôtel du Louvre, en compagnie d'un ou de plusieurs invités. Il y prenait le café avec le libraire Pouchin.





La journée aurevillienne du 4 septembre 2010 a permis aux adhérents de la société Barbey de découvrir ce cadre et d'apprécier un délicieux repas.

Au fait, quel menu Barbey aurait-il choisi ?

-Fruits de mer, gigot, café et rhum.

Les jours pluvieux, il chassait d'ailleurs sa mélancolie avec ce breuvage :"Je vous écris-confiait-il à Louise Read -en buvant du rhum comme un matelot de Cherbourg. C'est ainsi que je remonte mes esprits."



(Ce dernier document provient du bulletin N.8, juillet 2010, de la société Barbey d'Aurevilly, Le Connétable des Lettres)

samedi, octobre 09, 2010

Sur les pas de Barbey d'Aurevilly à l'Hôtel Grandval-Caligny



"Figurez-vous un superbe hôtel Louis XIV. Grande porte, terrasse à balustres, perron, cour d'honneur, escalier magnifique"(...)

Le caractère de tout cela est la grandeur.Mes plafonds ont quatorze pieds de hauteur. Je meublerai cela sobrement, mais grandement...Je meublerai cela peu à peu, mais j'arriverai, un jour donné, à un appartement à l'Edgar Poe, sans qu'il y ait là-dedans une seule chose vulgaire"
Lettre de Jules Barbey d'Aurevilly à la baronne de Bouglon.

Loué à partir du 23 août 1872, l'appartement auquel on accédait par un escalier, se composait d'une salle à manger, d'une chambre à coucher et d'un boudoir. Pas de salon, mais de ce manque, Barbey faisait un avantage, n'ayant point-disait-il- l'intention de recevoir. Il y avait également une cuisine , une chambre de domestique et un escalier de service.

Très peu de changements à l'intérieur comme à l'extérieur, depuis cette époque, si ce n'est la disparition, dans le jardin à la Française, du bassin de pierre du bout de la grande allée"verdâtre et rempli de feuilles sèches, comme le tombeau de Roméo et Juliette à Vérone"

(Source:Au pays et dans l'oeuvre de Jules Barbey d'Aurevilly, de Pierre Leberruyer, OREP éditions)

Le visiteur actuel peut admirer, à chaque étage des terrasses, une balustrade à l'Italienne.
Côté cour

Côté jardin
Relisons cette lettre pour tenter de nous représenter la configuration des lieux:

"Au premier étage,-ce n'est pas un rez-de -chaussée puisqu'il y a une volée d'escalier à monter,-dans un vestibule à porte vitrée donnant sur un magnifique jardin,-une porte d'entrée s'ouvrant dans une salle à manger,-puis la chambre à coucher(...) ; puis un boudoir à une fenêtre (du même format) double porte; et en retour (sur la cour) , car salle à manger, chambre à coucher et boudoir donnent sur le jardin-et en retour, séparée par une double porte, une cuisine aérée, lumineuse, ç faire mettre Toinette à genoux, et au bout de la cuisine, une chambre de domestique, avec fenêtre sur la cour et escalier de service; tel mon logement , placardé dans toutes les pièces, avec la jouissance du plus magnifique jardin (style Louis XVI, en harmonie avec la maison) et serre, et cave et cabinets de dégagement."

Dans l'ancienne salle à manger, le poêle Empire en faïence de Valognes

Sur l'un des murs de la même pièce, un programme musical, joliment illustré par Armand Royer, violoniste, ami de Barbey -ce dernier était d'ailleurs le parrain de son fils.

L'actuelle propriétaire, Maud Fauvel a pris la relève de sa grand-mère pour faire visiter cette demeure et faire revivre son illustre locataire-C'est le sujet de la brochure qu'elle a écrite , placée sur la table, dans la photo ci-dessous.

Ainsi, dans la" ville des spectres", et même par une belle journée de de septembre, l'ombre de Barbey est-elle là, peut-être sous la forme d'un jeune auteur qui aurait aimé écrire la Vengeance d'une femme-et qui l'a réécrite à sa façon...


jeudi, octobre 07, 2010

Fenêtre ouverte








Qui pourrait imaginer que ce chat funambule , qui prend ses aises , déambule sur une planche et prend le frais sous un buisson, foule un haut- lieu littéraire: l'Hôtel Grandval-Caligny, à Valognes ,32 rue des Religieuses, où à partir de l'automne 1871,et jusqu'en 1887, Jules Barbey d'Aurevilly loua un appartement avec quatre vastes pièces-Celle dont la fenêtre est ouverte est au-dessus de la chambre qu'il occupait.
Il couchait dans le lit de son père et avait placé sur la cheminée le fameux buste jaune qui avait troublé son coeur d'adolescent

C'est dans cette demeure qu'il mettra au point Les Diaboliques. Il évoquera dans ses Memorandum le mode de vie qu'il mène à Valognes,"la ville des spectres","la ville adorée"ainsi que ses souvenirs, ses impressions, ses pensées.

L'écrivain avait, par bail , jouissance du beau jardin à la française, à condition d' en respecter l'ordonnance.
Il y fit planter trois cents pieds de rosiers, et l'on peut rêver à leur parfum en respirant les roses d'aujourd'hui...


Quant au chat-non pas baudelairien, mais aurevillien-il évoque une lettre de Barbey , datée du 8 novembre 1887 à sa fidèle Louise Read:
"Caressez pour moi mes* deux chats . Cela vous fera autant de plaisir qu'à moi. J'ai envie de voir leurs figures quand je reviendrai, mais je ne crois pas beaucoup à l'âme de Démonette. C'est la vôtre que vous lui mettez dans le corps, quand vous imaginez qu'elle pense à moi"

*Démonette et Kroumir

Déclaration d'amour par chats interposés?

Celle-ci, expurgée , mais citée dans sa version initiale par Michel Pinel dans son ouvrage, Barbey d'Aurevilly, le scandaleux, est plus explicite:

"Adieu, je vous laisse entre les deux pattes de la chatte"(version épurée)
"Adieu, je vous laisse entre les deux pattes de la chatte, n'ayant pas l'honneur d'être votre matou (version intégrale)
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mardi, octobre 05, 2010

Fabrice Lilao à Valognes

Pour l'assemblée générale de la société Barbey d'Aurevilly, le 4 septembre 2010, une adhérente
nous avait aimablement ouvert les portes de sa demeure, un hôtel particulier du XVIIIème siècle: quel plaisir de suivre les bilans moraux et financiers dans un tel cadre!


Cerise sur le gâteau:Fabrice Lilao, invité à présenter sa bande dessinée "La Vengeance d'une femme"(Emmanuel Proust Editions, 2009) a expliqué sa démarche avec un enthousiasme communicatif.
A la lecture de cette nouvelle de Barbey, Fabrice Lilao a eu cette réaction:'"J'aurais aimé l'avoir écrite!"
Marqué par son ascendance espagnole et la forte personnalité de sa mère, et, dans un autre domaine, par des dessins de Fragonard et de Félicien-Rops, le jeune artiste s'est mis fébrilement à crayonner planche sur planche, élisant le noir comme emblématique de l'univers du connétable des lettres, et s'attachant à restituer sa voix.
Pour cela, aucune réécriture du texte initial , mais des coupes judicieusement choisies , un montage de paroles du narrateur et , à un moment crucial de l'intrigue, le silence.

Rencontré à un salon de la BD à Paris, l'éditeur Emmanuel Proust a su apprécier ce magnifique travail.


Une séance de dédicaces avec dessin original improvisé par le talentueux artiste a clôt cette journée aurevillienne exceptionnelle.


(Cliquez pour agrandir la page ci-dessous, extraite du bulletin N.8, juillet 2010, de la société Barbey d'Aurevilly, Le Connétable des Lettres)Le site de Fabrice Lilao,

Tendres mirages (2)

                                                                Jeanne Cardinal :                          interprétation picturale du recue...